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Affichage des articles du octobre, 2024

La critique comparatiste : à la recherche des imitateurs, Florent Carton dit Dancourt

Florent Carton Une partie du travail critique revient à hiérarchiser la production littéraire et, par conséquent, établir des normes esthétiques et des canons littéraires basés sur des critères spécifiques. Chaque siècle a érigé un panthéon canonique, quelquefois non perceptible dans la contemporanéité, mais qui mobilise deux fonctions complémentaires, position  créatrice de nouveaux  idéaux littéraires et celui d’éternel épigone des standards déjà révélés, uniquement capable de s’arrimer aux modélisateurs. La critique littéraire se charge naturellement de relever les traces de ce suivisme. 

Stendhal, éternel “autre”

Si l’on s’amuse à demander à des amoureux de littérature de citer les quatre auteurs les plus représentatifs du grand siècle du roman, Stendhal, de son vrai nom Henri Beyle, ne figurera pas systématiquement dans le quatuorvirat qui domine la production littéraire du XIX e siècle, constitué d’Émile Zola, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac et Victor Hugo. Cette hégémonie est établie à la fois par les choix littéraires de l’enseignement du français  et aussi par l’intérêt critique. Le figement de cette hiérarchie n’est pas remise en question, même si les caractéristiques esthétiques de chacun permet de discriminer les écritures et les attitudes littéraires : l’engagement de Zola, l’exhaustivité de Flaubert, le réalisme de Balzac et le romantisme de Hugo formant un panorama complet des tendances et courants valorisés, qui vont transformer les formes romanesques du classicisme le plus pur jusqu’à l’intronisation du roman psychologique. 

Hernani ou les antagonismes d’école

  La pièce Hernani de Victor Hugo ne figure pas spontanément dans la bibliographie de Victor Hugo pour le public. Il se crée au fil du temps des bibliographies institutionnalisées par l’histoire littéraire, l’enseignement et la théorie critique. À la fois dramaturge, poète et romancier, ce sont les deux dernières attributions qui sont restées à la postérité pour Victor Hugo. Pourtant, c’est bien à travers les trois genres que Victor Hugo a tenté d’affranchir les domaines de la littérature et notamment à rompre avec les dogmes du classicisme, à travers le rejet de la règle des trois unités -unité de temps, de lieu, et d’action. Il a exprimé ses convictions dans la préface de Cromwell paru en 1827, refusant les conventions classiques et convoquant une séparation nette entre l’art et la nature, puisque l’art, pour lui,  ne peut être “vérité absolue”. C’est au nom de ce nouveau dogme que la pièce Hernani a été produite, comme manifeste des nouveaux choix opérés dans le théâtre ...